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Thirty First Day of the Omer


Parachat Emor –

Hier encore, j'avais vingt ans, je gaspillais le temps En croyant l'arrêter Et pour le retenir, même le devancer Je n'ai fait que courir et me suis essoufflé Ignorant le passé, conjuguant au futur[1]


Ces paroles d’Aznavour, on s’y reconnait tous un peu, elles décrivent notre relation au temps, ce temps qui nous semble infini et qui, trop tôt est fini.

La semaine dernière encore nous lisions dans Aharei Mot - ‘Après la mort’, le descriptif du rituel des deux boucs de Kippour que le Cohen Gadol prépare avec tant de minutie. L’un destiné au sacrifice expiatoire et le deuxième, le bouc émissaire chargé de toutes nos fautes envoyé à Azazel ce lieu mystérieux, au fin fond du désert…Alors, je me suis demandée, mais s’il peut encore gambader comme ça ce bouc, et s’en aller si loin chargé de nos fautes, peut être qu’elles ne sont pas si lourdes à porter finalement ? Et je m’imaginais qu’à la place de nos fautes, ce bouc émissaire portait plutôt nos chagrins et nos souffrances, est ce qu’il aurait encore la force de se mouvoir pour les emporter au loin ?

La souffrance n’a pas de temps fixé dans le calendrier, elle n’a pas de moment désigné, elle étire le temps, comme les pendules dans le tableau de Dali qui s’appelle ‘la persistance de la mémoire’- nos peines semblent informes, élastiques, persistantes. Il en faudrait des boucs, pour porter tous les chagrins des hommes sans s’écrouler sous leur poids…

Pour conjurer cela, le stratagème des juifs a été de se créer des rites et une vie spirituelle. Ce sont des moments établis dans l’année pour se souvenir de l’espoir.

Nous sommes entre ces deux moments : entre la libération d’Egypte, et le don de la Torah, ce sont cela les moadim- les célébrations dites convocations saintes, du calendrier. Elles nous donnent des repères et nous reconnectent au présent. Et en ce moment, pour aller d’une de ces fêtes à l’autre, nous comptons ces jours depuis le 15 Nissan, avec le rite de l’Omer. Aucun moment dans l’année n’a plus de connexion avec le temps que celui que nous vivons actuellement, entre ces deux fêtes.

Le décompte de l’Omer commence par le minhat haOmer, le sacrifice de l’Omer, le 2è jour de Pessah. Il nous est commandé de ramasser une gerbe d’orge, et de l’offrir au Temple en sacrifice. C’est ainsi que nos ancêtres demandaient de bénéficier d’une récolte abondante. L’omer est une unité de mesure, et représente environ 4 kilos de grains. Après ce sacrifice qui marque le premier jour de l’Omer, on compte chaque soir un jour de plus, jusqu’au 49è jour de l’Omer, veille de Chavouot.

Ces 7 semaines représentent une période d’introspection où l’on se prépare spirituellement au don de la Torah. C’est une horloge, qui, si on y prête attention est aussi une façon de compter les bénédictions qui accompagnent nos jours. L’Omer donne davantage de sens à nos vies, cette période nous nourrit à la fois spirituellement et matériellement.

A Chavouot, c’est une mesure de blé qu’il faut apporter au Temple, après l’orge pendant les 49 jours précédents. Et les commentateurs nous rappellent que l’orge est un aliment destiné au bétail alors que le blé est destiné à l’homme. Une évolution imperceptible de notre humanité est intervenue pendant ces 7 semaines, et nous voilà prêts à fabriquer du pain.

Fabriquer son pain spécial de chabbat est aussi une vieille tradition juive, et ainsi ritualiser le temps du repos par un plaisir supplémentaire : la dégustation des halot qui embaument la maison. La fabrication des halot fait partie du rituel des familles juives et incombe aux femmes traditionnellement. Le rituel comprend aussi un sacrifice, celui de la hala, morceau de la taille d’une olive qui est prélevé pour être totalement brulé. Il est de coutume en prélevant cette hala, de faire des prières pour les malades, afin qu’ils recouvrent rapidement une bonne santé.

Enveloppés de nos rites comme d’un châle de prière, nous marquons ainsi nos jours de fêtes, dont le chabbat en est un des principaux. Qui dit fête, dit joie, celle de mettre nos 5 sens en éveil : le toucher, le goût, l’odorat sont là pour nous faire écouter les voix lointaines de nos pères et mères qui parlent aux oreilles des enfants et nous aident à retenir ce temps qui s’échappe, en le conjuguant au présent, au temps de la transmission à la génération suivante, afin qu’à la vue de ces rituels elle ait elle aussi envie de continuer à pétrir du pain et s’en délecter encore très longtemps !

Chabbat shalom !


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Parashat Emor -

Only yesterday, when I was twenty, I wasted time

Thinking I could stop it

And to hold it back, even to get ahead of it

I only ran and ran out of breath

Ignoring the past, conjugating to the future...[2]


We can all recognize ourselves in Charles Aznavour’s lyrics. They describe our relationship with time, it seems infinite to us and very soon, it is over.

Just last week we read in Acharei Mot - 'After the death of…', the description of the ritual of the two goats of Kippur that the Cohen Gadol prepares with such care. One is destined for the expiatory sacrifice and the second, the scapegoat loaded with all our transgressions, sent to Azazel, that mysterious place deep in the desert... So I wondered, if this goat can still roam around like that and go so far away loaded with our faults, maybe they are not so heavy to carry after all? And I imagined that instead of our faults, this scapegoat was carrying our sorrows and sufferings, would it still have the strength to move to carry them away?

Suffering has no fixed time in the calendar, it has no designated moment, it stretches time, like the clocks in Dali's painting called 'The Persistence of Memory' - our sorrows seem shapeless, elastic, persistent. We need goats to carry all the sorrows of men without collapsing under their weight...

To ward off this, the Jewish stratagem has been to create rituals and a spiritual life for themselves. These are established moments in the year to remember hope.

We are between these two moments: between the liberation from Egypt, and the giving of the Torah, these are the moadim - the so-called ‘holy convocations’ of the calendar. They give us bearings and reconnect us to the present. And right now, with the rite of the Omer we count day after day, on our journey from one holiday to the next, starting on the 15th of Nissan and ending on the 5th of Sivan, the day before Shavuot. No time in the year has more connection with time than the one we are living now, between these two festivals.

The counting of the Omer begins with the minchat haOmer, the Omer sacrifice, on the second day of Pesach. We are commanded to gather a sheaf of barley and offer it in the Temple as a sacrifice. This is how our ancestors asked for a bountiful harvest. The omer is a unit of measure and represents about 4 kilos of grain. After this sacrifice, which marks the first day of the Omer, there is an extra day each evening until the 49th day of the Omer, the eve of Shavuot.

These seven weeks represent a period of introspection in which we prepare spiritually for the giving of the Torah. It is a clock, which, if we pay attention, is also a way of counting the blessings that accompany our days. The Omer gives more meaning to our lives, this period nourishes us both spiritually and materially.

On Shavuot, it is a measure of wheat that must be brought to the Temple, after the barley for the previous 49 days. And the commentators remind us that barley is a food for cattle whereas human beings eat wheat. An imperceptible evolution of our humanity has taken place during these 7 weeks, and we are ready to make bread.

Baking special Shabbat bread is also an old Jewish tradition, an additional pleasure oneg shabbat consisting of smelling and tasting this delicious bread. The ritual also includes a sacrifice, a piece the size of an olive that is taken to be burnt completely in the oven. It is customary when taking this chala, to make prayers for the sick, so that they may quickly recover good health.

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Wrapped in our rituals like a prayer shawl, we mark our holidays. The joy of each festival – and shabbat is a significant one of them - is to awaken our senses, especially touch, taste and smell which are there to make us listen to the distant voices of our forefathers and foremothers, who speak to the ears of our daughters and sons, and help us to retain this time that is slipping away, by conjugating it in the present, the time of transmission from one generation to the next one, so that when they see these rituals they too will want to continue to knead bread and enjoy it for a long time to come !

Shabbat shalom!

[1]Charles Aznavour, ‘Hier encore’ https://www.youtube.com/watch?v=dbxyKR1P8vA [2] Charles Aznavour, ‘Hier encore’ https://www.youtube.com/watch?v=dbxyKR1P8vA


Rabbi Daniele Touati


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